PLEIN DE VIDE
Artocène 3 - le vide comme repère
Absorbez le vide en dégustant les œuvres de l'exposition.
Projet réalisé pour l'exposition d'art contemporain de la troisième édition du festival Artocène "Le vide comme repère". Découverte de l'exposition à travers des goûts, des textures et des scénarios de dégustation.
En collaboration avec le chef Takeshi Minagawa, nous avons créé des mets en dialogue avec les œuvres et leur message.
Lors de l'événement, nous avons formé un duo avec la commissaire de l'exposition Laurène Marechal pour combiner une visite guidée avec une séance de dégustation.
Une occasion d'éveiller ses 5 sens entre art et gastronomie, de quoi donner le vertige !
Date : 8 et 22 Juillet 2023
Lieu : Musée Alpin, Chamonix
Chef : Takeshi Minagawa (Black Rhinoceros Lab)
Photographies : Corentin Leray

01. ÉQUILIBRE INSTABLE
Équilibre des formes, des goûts, des densités, des textures...
Pourtant si différents, ces matériaux naturels sont en parfait équilibre.
Ce mets présente un équilibre gustatif et textuel gardant cet instabilité visuelle. C’est l’assemblage des quatre éléments qui donne sens tant à l’oeuvre qu’à la dégustation.
On parlera surtout de l'équilibre des écosystèmes de manière général et celui apporté par le pâturage.
"En écologie, le climax est un état théorique dans lequel un sol ou une communauté végétale a atteint un état d'équilibre stable et durable avec les facteurs édaphiques et climatiques du milieu. Toute perturbation du milieu, naturelle ou anthropique, détruit cet état climacique. En l'absence de nouvelle perturbation, le sol et la communauté végétale évoluent de nouveau vers leur climax."
Tuile de yaourt, crème de chèvre, sablé aux champignons, pomme de terre à l’encre de sèche.

Oeuvre 1. Edgar Sarin
Entre stabilité et fragilité, pragmatisme et religiosité, Acropole rappelle la place de l’Homme dans la nature et la pratique des cairns, consistant à empiler des petites .

Oeuvre 2. Antoine Renard
Ces découpes de bois arrosées de cire mauve, apparaissent par instants comme un relief de montagne, tout en verticalité mais privé de son volume. En prenant possession de l’espace alentour, le parfum de l’oeuvre, en plus de lui restituer une matérialité, lui confère une dimension presque enivrante.
02. PERTE DE REPÈRE
Une tuile noire dépourvue de volume intensifie la perte de repère évoquée dans l’oeuvre d’Antoine Renard.
Elle perturbe les sens, et questionne le rapport entre conscience et palais .
La sculpture offre une verticalité privée de volume, et amène à un questionnement tant visuel que matériel.
Ici le vide s’empare de l’oeuvre et de vos papilles.
Une préparation à base d’olive se nourrit des odeurs du contenant (bois et cire d’abeille) et vient s’écouler contre le volume plat de la tuile afin de lui donner matière et consistance, telle que la cire violette de la sculpture.
Socca au charbon végétal, poudre d’ail noir, sauce olives noires et yaourt
03. FLOTTEMENT
Ula Vanbrandenburg
Cette dégustation représente mon ressenti quand je suis entrée dans cette salle de l'exposition ... Je parle de mes émotions...
Une odeur de foin, me rappelant mes balades dans les prés avec ma grand-mère sont retranscrits dans cette infusion froide... Ces trois projections, comme ces trois saveurs (amertume, végétal, acidité) donnant le tourni, ne sont que légèreté et joie, comme si le vide nous apaisait et nous redonnait vie. Ce siège central m'évoquant un arlequin, une forme abracadabrante structurée par des bandes de couleurs fait tout de suite écho au tissu en flottement dans les airs des films enregistrés en 16mm, que l'on ressent à travers ce ruban de rhubarbe cristallisé, comme figé. Un retour à l'enfance.
Jus de pamplemousse pressé, infusion de foin et serpolet, écorce de pamplemousse, rhubarbe cristallisée au sucre

Oeuvre 4. Céline Struger
Ces fragments ressemblent aux morceaux d’une fenêtre, dont le verre, en se brisant, aurait gardé visible sur ses parois l’image qu’elle laissait paraître lorsqu’elle était encore fixée entre deux murs. Vaste cycle de fins et de recommencements.
04. TRANSFORMATION
«Ce qui est cassé sera transformé» comme le Kintsugi qui permet de restaurer des objets cassés, abîmés, non pas en dissimulant les fêlures, mais en les sublimant avec de l’or.
Le Kintsugi est une ode à l’imperfection et à la fragilité. Ce bol fissuré met en lumière un mets en pleine évolution.
C’est en brisant la sphérification de citron/gingembre et en y ajoutant une préparation huileuse acide qu’une réaction s’effectue : un changement de couleur, s’inscrivant dès lors
dans un vaste cycle de fins et de recommencements.
Bouillon de choux rouge et sirop d’érable, sphère de citron/gingembre, huile de citron et lait de coco
05. REMÉMORATION D'UN PLEIN
Récupération de débris de terre blanche modelés à l’image des oeuvres d’Alice Bandini et de ces visuels d’ossements.
Cette structure vide et filaire accueille en son coeur une matière comestible évoquant la vie. Idée selon laquelle le vide est à l’origine de la création alors que le plein la limite et lui fait barrière. Je redonne vie à ce vide à travers un pain vapeur (matière vivante) au céleri (légume racine, évoquant les sols, la création, et la structure). Cycle de regénération entre l’oeuvre et la dégustation.
Pain vapeur au céleri, herbes, huile de noix, poudre de champignon fermenté

Oeuvre 5. Alice Bandini
Pour les Métamorphoses (2017-2023), l'artiste a réemployé des chutes industrielles de PVC et les a retravaillées de manière à ce que leur nouvelle forme évoque des ossements (bassins, cages thoraciques…). Des espaces vides dans lesquels il y aurait eu la vie ; régénération de restes vivants, en vue - qui sait ? - d’une prochaine étape.
